
La Fed face à des signaux économiques contradictoires : un équilibre de plus en plus difficile à tenir
- Posted by david@florida-invest.com
Le dernier rapport sur l’emploi, publié vendredi, conclut une semaine marquée par une série d’indicateurs économiques contrastés, laissant la Réserve Fédérale dans une position d’incertitude sur la suite de sa politique monétaire. Alors que les chiffres sur la production, la productivité, les salaires et le crédit à la consommation s’accumulent, une question demeure : la Fed sera-t-elle bientôt prête à baisser ses taux ?
Le dilemme est bien connu : la banque centrale doit jongler entre ses deux mandats, à savoir soutenir l’emploi et stabiliser les prix. Si l’inflation repart à la hausse, elle devra resserrer sa politique, au risque de freiner l’activité et d’alourdir le chômage. Mais si le marché du travail faiblit trop vite, elle sera poussée à assouplir les taux pour relancer la croissance. Or, elle ne peut pas faire les deux à la fois.
Le rapport sur l’emploi de mai n’a pas apporté de réponse claire. L’économie américaine a créé 139 000 emplois, un peu mieux qu’anticipé, mais en baisse par rapport aux 147 000 d’avril. Le taux de chômage est resté stable à 4,2%, son niveau depuis plus d’un an. Les salaires horaires ont augmenté de 3,9% sur un an, légèrement au-dessus des prévisions, tandis que le crédit à la consommation a progressé de 4,3% en rythme annualisé entre mars et avril, selon la Fed.
Mais derrière ces chiffres, les signes de prudence s’accumulent. Selon Ger Doyle (ManpowerGroup), le marché de l’emploi est « stable mais prudent ». Les offres d’emploi en ligne ont reculé de 7%, et les nouvelles publications ont chuté de 16% en mai — marquant ainsi la première contraction complète en 2025, après des signes similaires fin 2024. Pour Doyle, l’ambiance est celle d’un « refroidissement temporaire », les entreprises comme les salariés attendant des signaux plus clairs avant d’agir.
Les créations de postes dans le secteur privé ont été limitées à 37 000 en mai — leur plus faible niveau en deux ans. Les inscriptions au chômage ont atteint un pic de huit mois, même si certains analystes y voient un effet saisonnier plus qu’un retournement de tendance.
Le secteur industriel, lui aussi, envoie des signaux ambivalents. L’indice manufacturier de l’Institute for Supply Management (ISM) est tombé à 48,5 en mai, indiquant une contraction pour le troisième mois consécutif. Les exportations ont chuté à un creux de cinq ans, les importations à un plus bas de seize ans, sous l’effet des droits de douane élevés et des incertitudes sur le commerce mondial. L’indice des services ISM est passé sous la barre des 50, à 49,9, son plus faible niveau depuis juin 2024.
Les commandes de biens manufacturés ont baissé de 3,7% en avril, et la productivité non-agricole a chuté de 1,5% au premier trimestre, alors que les heures travaillées augmentaient et que la production reculait.
Dans ce contexte, le marché obligataire envoie des signaux d’alerte. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a terminé la semaine à 4,51%, traduisant les inquiétudes des investisseurs face à l’incertitude. Les rendements à court terme, quant à eux, ont baissé, signe que les marchés cherchent refuge dans des actifs moins risqués.
La Fed, elle, temporise. Elle a indiqué vouloir observer encore plusieurs mois de données — au moins un trimestre complet — avant de prendre une décision. L’espoir d’une baisse des taux cet été s’amenuise. Les responsables monétaires font savoir qu’ils ne sont pas pressés. Pour l’instant, l’incertitude domine, et l’équilibre que la Fed tente de maintenir n’a sans doute jamais été aussi fragile.
Sources : FOMC, ManpowerGroup
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