Parité Euro-Dollar, une première depuis 20 ans !
- Posted by Marie Le Berre
Ce phénomène, qui est une bonne nouvelle pour les importateurs américains mais une mauvaise pour les exportateurs, pourrait avoir des retombées majeures à travers le globe.
Pour la première fois depuis vingt ans, le Dollar américain et l’Euro sont à la quasi parité à mesure que l’Europe fait face à un risque de récession de plus en plus élevé et à un conflit majeur sur son sol.
Ce seuil est avant tout psychologique selon de nombreux experts, mais les banques centrales et les décisionnaires de la zone Euro vont probablement faire face à de fortes inquiétudes concernant le risque de dévaluation de leur monnaie.
La parité a été atteinte, plus précisément, mercredi dernier, selon Bloomberg, après l’annonce des chiffres de l’inflation américaine, qui précèdent souvent ceux de la zone Euro et donnent la tendance. L’Euro a perdu du terrain face au dollar depuis le début de l’année, lorsqu’il fluctuait aux alentours de $1.13, bien en dessous d’ailleurs de son pic de 2008 à $1.60. Les sociétés MarketWatch, Bloomberg et Reuters ont toutes trois reporté que l’Euro était passé sous la parité brièvement la semaine dernière.
Selon les analystes, cette chute de la devise européenne reflète une aversion au risque grandissante de la part des investisseurs qui voient le dollar comme une “valeur refuge” face aux autres devises. Tout cela bien entendu, dans un contexte de forte inflation, de guerre en Europe et de craintes de récession dans de nombreux pays.
Le marché des devises a tremblé au moment ou le Bureau of Labor Statistics a reporté il y a quelques jours que l’inflation américaine avait atteint 9.1% au mois de Juin, un pic jamais observé depuis 40 ans.
La monnaie commune aux 19 États membres de l’Union Européenne s’était déjà affaiblie pendant les long mois qui ont marqué la guerre en Ukraine, ce qui a entraîné une onde de choc importante sur le marché mondial de l’énergie et de la nourriture. La Banque Centrale Européenne est aussi très en retard, voire totalement inerte, par rapport à sa contrepartie, la Fed, dans son combat contre l’inflation qui atteint 8.6% le mois dernier, le niveau le plus haut depuis la création de la zone Euro.
En effet, la Fed a augmenté ses taux d’intérêt de manière très agressive pour calmer l’inflation et a annoncé trois augmentations successives depuis le début de l’année 2022. Quatre autres augmentations sont déjà planifiées. Bien que la Banque Centrale Européenne ait aussi prévu d’augmenter ses taux directeurs pour faire baisser l’inflation à un niveau cible de 2%, il est fort probable que cela soit particulièrement lent : la BCE a augmenté ses taux de 0.5% en juillet pour la toute première fois, alors que la Fed vise une nouvelle augmentation de 1%.
Un Dollar fort est une bonne nouvelle pour les importations mais les sociétés américaines vont avoir plus de mal à exporter leurs biens à l’étranger. Plus important encore, les experts ajoutent qu’un Euro faible est le signe d’une économie faible en zone Euro. “Il devient de plus en plus clair que la zone Euro se dirige droit vers une récession. Les conditions financières se sont tendues dans une proportion bien supérieure à celle des USA”, écrivait Robin Brooks, économiste en chef à l’Institute of International Finance.
Après la guerre en Ukraine, l’Economist Intelligence Unit avait revisité leurs prévisions de croissance pour la zone euro en les faisant passer de 4% à 2%. L’agence prédit seulement 1.6% de croissance sur 2023. La faiblesse de l’Euro “reflète des craintes des investisseurs d’une récession imminente dans la zone Euro”, affirmait Agathe Demarais, global forecasting director à l’Economist Intelligence Unit.
Source : Washington Post, l’Economist Intelligence Unit, Bloomberg, Reuters, MarketWatch, Institute of International Finance
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