Analyse : Comment les États-Unis sont-ils en train de mener la croissance mondiale en 2021 ?
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Grâce aux mesures de relance et à la hausse de l’emploi, les États-Unis sont devenus en 2021 le principal moteur de la reprise économique mondiale. En effet, dans un contexte de progrès constants en matière de vaccination contre le coronavirus, l’économie américaine prend tellement d’ampleur que ses gains ne profiteront pas qu’au pays.
Cette année, la forte demande de biens et de services devrait dépasser largement les frontières américaines, faisant des États-Unis le principal contributeur à la croissance mondiale pour la première fois depuis 2005, selon Oxford Economics.
Les plans de relance américains ont eu des répercutions fortes sur le commerce international
Les plans de relance de l’administration Biden, couplés aux taux d’intérêt ultra-bas de la Réserve fédérale, alimentent le boom de l’économie américaine, tout en entrainant vers le haut d’autres pays où les gouvernements n’ont pas forcément réagi aussi agressivement contre la pandémie.
Alors que les Américains ont dépensé en janvier 2021 leur précédent chèque de relance du gouvernement de 600 dollars pour acheter de nombreux produits de consommation tels que des meubles, des ordinateurs portables ou des vêtements, les États-Unis ont importé des marchandises pour une valeur record de 221 milliards de dollars. Ce constat a eu lieu avant même l’envoi du nouveau chèque de 1 400 dollars en mars.
Certes, les perspectives américaines ne sont pas totalement sans inquiétude. Certains économistes, comme Lawrence Summers, qui a été le principal conseiller économique du président Barack Obama, estiment que les politiques de relance du gouvernement vont renforcer l’inflation dans le pays. De plus, même si la reprise de l’emploi après le choc de la pandémie est solide, elle demeure toujours incomplète.
Mais selon le Bureau du recensement, grâce aux mesures de relance du gouvernement, les Américains ont dépensé sans compter pour acheter toutes sortes de biens de consommation. Grâce à la loi de relance de l’année dernière, les consommateurs ont accumulé environ 1 700 milliards de dollars d’économies qui sont aujourd’hui disponibles pour continuer de relancer l’économie.
Au total, même si des millions de personnes ont souffert au cours de l’année 2020, la valeur nette des ménages a augmenté de 18 000 milliards de dollars, selon la Réserve fédérale.
Les entreprises américaines ont également augmenté leurs achats de pièces automobiles importées de Chine et de machines industrielles, qui arrivent du port néerlandais de Rotterdam.
La croissance Américaine est en avance sur celle de l’Europe
De nouvelles preuves de la surperformance des États-Unis sont apparues début Avril 2021, lorsque le département du travail a annoncé que l’économie avait créé 916 000 nouveaux emplois en mars et que le taux de chômage était tombé à 6 %, son plus bas niveau depuis le début de la récession. L’indicateur de l’activité manufacturière de l’Institute for Supply Management, publié début avril 2021, a atteint son plus haut niveau depuis décembre 1983.
Ces signes de vigueur aux États-Unis sont intervenus alors que le rebond économique de l’Europe s’est arrêté dans un contexte d’augmentation du nombre de cas de coronavirus. La semaine dernière, la France a annoncé son troisième confinement national, alors que l’Allemagne et l’Italie ont imposé de nouvelles restrictions.
L’accélération des progrès en matière de vaccination contre le coronavirus, ainsi que des dépenses publiques plus généreuses, expliquent l’avantage des États-Unis. À la fin du mois de mars, les États-Unis avaient vacciné une part de leur population plus de deux fois supérieure à celle de l’Union européenne.
La fin du règne de la Chine comme principal moteur de l’économie mondiale
L’ascension des États-Unis met fin, pour l’instant, au long règne de la Chine comme principal moteur de l’économie mondiale.
La plupart des économistes s’attendent à ce que la Chine connaisse cette année une croissance annuelle plus rapide que celle des États-Unis. Mais comme l’économie américaine, qui représente 21 000 milliards de dollars, reste nettement supérieure à celle de la Chine mesurée en dollars, la contribution américaine à la croissance mondiale sera supérieure, selon Oxford Economics.
En mars, le Congrès a approuvé le plan de sauvetage américain de 1 900 milliards de dollars de l’administration Biden. Associé à un projet de loi de 900 milliards de dollars en décembre, il ajoutera près de 1,5 % au taux de croissance de l’économie mondiale cette année, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques.
“Cela ne profitera pas seulement à l’économie américaine, mais alimentera la croissance mondiale”, a déclaré le mois dernier Laurence Boone, économiste en chef de l’OCDE. L’impact du plan de sauvetage du gouvernement américain se fera sentir en Inde, en Australie, en Corée du Sud, au Royaume-Uni, au Canada et ailleurs, toujours selon l’OCDE.
D’ici la fin de l’année prochaine, la production mondiale sera supérieure de 3 000 milliards de dollars à ce qu’elle aurait été sans les nouvelles dépenses américaines, selon M. Boone. Cela revient à ajouter une nouvelle fois le PIB de la France à l’économie mondiale.
En plus des dépenses des Américains qui ont aidé directement les économies mondiales, les taux d’intérêt quasi nuls de la Réserve fédérale, conçus pour stimuler l’activité commerciale en réduisant les emprunts, profitent aux sociétés étrangères comme aux sociétés américaines.
Le géant chinois Alibaba a levé 5 milliards de dollars sur le marché américain des obligations d’entreprises le mois dernier à des taux bas (2,1 %). La société a déclaré qu’elle prévoyait d’utiliser ces fonds à des fins générales, notamment pour “les besoins en fonds de roulement, le remboursement de la dette étrangère et les acquisitions ou investissements potentiels dans des entreprises complémentaires”.
Alors que les investisseurs étrangers se ruent sur les actions et les obligations américaines, cherchant à profiter de l’économie florissante, le dollar défie sa baisse prévue. Le billet vert a augmenté d’environ 10 % par rapport à l’euro cette année et de près de 8 % par rapport au yen.
Sources : Institute for Supply Management, FED, FMI, OCDE, Oxford Economics, The Washington Post.
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