Biden et la Fed voulaient une économie florissante. Mais peut-elle se brûler les ailes ?
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Selon l’économiste Arthur M. Okun (1953), l’idée derrière la création d’une économie “haute pression” (traduction de high pressure economy qui signifie une économie au sein de laquelle plus d’embauches entraineraient plus de consommation et plus d’investissement) est que le gouvernement doit être en mesure de risquer un peu d’inflation à court terme pour créer les conditions qui permettront, à long terme, d’extraire une partie de la population de la pauvreté. Permettant à celle-ci d’être plus armée pour faire face aux récessions, renforçant le potentiel économique de la nation tout entière.
Cette théorie, ici grandement résumée, est testée en situation réelle et à grande échelle par l’administration américaine et la Federal Reserve en 2021. Et les premiers résultats tendent à démontrer qu’appuyer à fond sur l’accélérateur de l’économie (spécifiquement combiner des trilliards de dollars avec des taux d’intérêts proches de zéro) ne génère pas que du positif.
Tandis que cette combinaison a créé d’importants bénéfices, l’été 2021 n’a pas produit l’économie “haute pression” souhaitée par ses enthousiastes.
Pour les bonnes nouvelles : la création de nouveaux emplois est abondante, les salaires des travailleurs à bas revenus augmentent rapidement, et il semble que le redressement de l’économie post pandémie ne sera pas aussi long que celui des trois dernières récessions.
D’un autre côté, les prix à la consommation ont augmenté plus rapidement que le salaire moyen, réduisant le pouvoir d’achat des ménages. Les foyers cherchant à construire leur maison ou à s’acheter une voiture ont de plus en plus de difficulté à faire aboutir leurs projets. Même si ceci reflète un déséquilibre de marché qui devrait se normaliser dans les prochains mois, d’autres forces continuent de tirer les prix vers le haut, comme le montant des loyers qui s’envole et l’effet latent de l’augmentation des coûts des entreprises ayant augmenté les salaires de leurs employés.
“Contrairement à la crise de 2008, les choses évoluent rapidement en ce moment et il est difficile de savoir a quoi ressemblera l’économie lorsque les conditions se stabiliseront” affirmait Josh Biven, le directeur de la recherche du Economic Policy Institute et grand enthousiaste de la high pressure economy. “Je pense que la stratégie de recherche de croissance va commencer à montrer ses bénéfices” disait-il en soulignant une croissance de l’emploi exceptionnelle ces derniers mois.
Une vision plus traditionnelle consiste à affirmer que les décideurs politiques risque de générer de l’inflation en cherchant à réduire le chômage de manière trop importante. Cette approche s’est parfois vérifiée par le passé (2017-2019), mais l’inflation n’a pas toujours été au rendez-vous (comme après la crise des subprimes et les années 2010). Cette vision semble néanmoins se dessiner actuellement, avec des salaires augmentant de 3.6% dans le secteur privé sur les 12 derniers mois et des prix des biens à la consommation de 4.8% sur la même période. Soit, in fine, une baisse du pouvoir d’achat.
Jason Furman, économiste à Harvard, pointe que l’inflation américaine est sensiblement plus élevée que dans les autres pays, comme la zone Euro par exemple qui à connu une hausse des prix à la consommation de 2.2% sur les 12 derniers mois, contre 5.4% aux USA.
Les partisans de la high pressure economy soulignent le fait qu’un redressement rapide de l’économie est une bonne chose pour réduire les inégalités, en partie en maintenant de nombreux emplois et en évitant que certaines personnes restent au chômage pendant de longues périodes. Mais même ceux-ci, surveillent aujourd’hui que la pression de l’économie reste durable et contrôlable.
Source : New York Times
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